jeudi 28 mai 2015

Parution dans l'anthologie Malpertuis VI

Et une petite nouvelle par là...
Dans l'anthologie Malpertuis VI, dirigée par Thomas Bauduret. Merci à lui. Cette fois, je quitte les contrées slaves pour les ruelles de la vieille ville de Damas.



Que faire lorsque les océans sont soudain infestés de monstres marins ? Comment réagir lorsqu’un être humain tente de pervertir une communauté de zombies ? Peut-on emprisonner un démon dans un jeu vidéo ? Qui est ce vieillard interné dans l’hôpital de Bucarest qui semble avoir un ascendant incompréhensible sur les autres patients ? La physique quantique peut-elle casser des briques ?
22 auteurs tentent de répondre à ces questions, et bien d’autres en des univers dont l’humour est rarement absent…

Nouvelles d’Anthony Boulanger, Barbara Cordier, Bénédicte Coudière, Yves-Daniel Crouzet, Alain Doré, Sarah Dunkel, Xavier-Marc Fleury, Thierry Jandrok, Olivier Jarrige, Kevin Kiffer, Marie Latour, Dominique Lémuri, Pascal Malosse, Milora, Nokomis M, Véronique Pingault, Elisa M. Poggio, Bruno Pochesci, Emilie Querbalec, Guillaume Suzanne, Sylas, Eric Vial-Bonacci.

PS: La couverture est due au travail comjoint de Thomas Bauduret, l'anthologiste photographe, et de l'illustrateur Nemo Sandman. 

Disponible ici.

vendredi 1 mai 2015

Parution d'une anthologie sur Moscou

L'anthologie "Dimension Moscou" vient de paraître chez les éditions Rivière Blanche. Elle est dirigée par Chantal Robillard qui a convaincu de nombreuses plumes francophones de participer; Certaines fameuses, d'autres érudites! Deux illustratrices se sont inspirées des atmosphères russes, merveilleuses et fantastiques de ces vingt nouvelles pour faire de cette anthologie un beau livre-objet. Je suis très heureux de me retrouver parmi tant de talents.



Anthologie présentée par Chantal Robillard.

Textes de Olympia Alberti, Marguerite Andersen, Alain Bellet, Olivier Boile, André Cabaret, Rolande Causse, Dane Cuypers, Didier Daeninckx, Nathalie Dau, Eric Genetet, Claudine Glot, Jacques Jouet, Nicolas Kempf, Jacques Lovichi, Pascal Malosse, Isabelle Minière, Anne-Marie Mitchell, Joel Schmidt, Jacques Serena et Francoise Urban-Menninger. 

Illustrations de Krystal Camprubi et Valérie Coeugniet.

"A Moscou, A Moscou !" clamait Irina dans "les Trois soeurs", pièce d'Anton Tchekhov. 

Venez donc découvrir des Moscous insolites, avec nos vingt nouvellistes (dont certain nous cache, tel les matriochkas, ses deux prix Goncourt emboités) et nos deux illustratrices... Parcourez-la ville à travers les siècles, depuis Ivan le Terrible et ses geoles jusqu'à certaine place, chère à l'ami Bécaud, bouleversée dans un temps futur... Frissonnez au milieu des incendies de Moscou, dont celui allumé par le père de la comtesse de Ségur, entrez en tapinois dans les coulisses du Bolchoi Theatr, sursautez la nuit dans les parcs hantés par l'ombre de Boulgakov, ou peut-être celle de l'abominable baba Yaga.... Attention, si vous descendez dans le métro de Moscou, une étrange rencontre érotique vous y attend ! Entrez dans un tableau qui vous regarde méchamment, fuyez par le Transsibérien en gare de Yaroslav... Ou suivez avec émotion une toute petite fille en train de faire des boules de neige : c'est un futur écrivain que vous connaissez sûrement...

Nos nouvellistes, francais ou francophones, ont ici affûté leur plume et vont vous en faire voir de toutes les couleurs, des belles et des rouges, mais aussi des vertes et des pas mûres, sous le regard de l'oiseau de feu des contes russes.

TABLE DES MATIERES
Marguerite Andersen : Aller à Moscou
Dane Cuypers : Toubillons
Nathalie Dau : Sa Chanson
Jacques Serena : On a dû vouloir quelque chose
Pascal Malosse : En fumée
Joel Schmidt : 1812, le hussard amoureux
Olivier Boile : Les Pies de la Place Rouge
Olympia Alberti : Le Parfum d'une âme
Alain Bellet: Le fuyard de Yaroslav
Nicolas Kempf : Fille à chapeau
Jacques Lovichi : Le rossignol d'Ostrovitsa Nova
Didier Daeninckx : Le mur de Tsoi
Rolande Causse : Une Soirée tchékhovienne
Anna-Marie Mitchell : Une indicible et mutuelle épouvante
Claudine Glot : Ombres d'une scène vide ou Ballet des larmes
Eric Genetet : La beauté sauvera le monde
Rolande Causse : Deux ou trois petits mots...
Francoise Urban-Menninger : Le chat fantôme de la rue Tverskaia
André Cabaret : Une cravate pour un toast
Isabelle Minière : Moscou avec toi
Jacques Jouet : Une rencontre sous la neige 

ISBN-13: 978-1-61227-419-5
244 pages
17 EUR
Disponible sur le site de Rivière Blanche et dans toutes les bonnes libraires

jeudi 15 janvier 2015

Saoul comme un Polonais?

L'expression n'est pas nouvelle, elle remonte aux guerres napoléonienne. Napoléon Bonaparte l'aurait lui-même prononcé au sujet de la cavalerie polonaise lors de la guerre d'Espagne. Des généraux français, jaloux et voulant minimiser le rôle des Polonais, indiquaient que ceux-ci étaient ivres. L’Empereur leur répondit : « Alors Messieurs, sachez être saouls comme des Polonais ! »

Depuis, l'expression est devenue populaire en France, mais bien sûr péjorativement.
Alors qu'en est-il vraiment? 

L'Organisation Mondiale de la Santé (WHO) a publié un rapport en 2014, qui dresse l'état de la consommation d'alcool dans en le monde en 2010

La consommation d'alcool pur chez les adultes (15 ans et plus) en litres par habitant et par an, en 2010:


Pays
total
bière
vin
liqueurs
autres
Projections 2015
France
12.2
18.8
56.4
23.1
1.7
11.6
Pologne
12.5
55.1
9.3
35.5
0
11.5
Allemagne
11.8
52.6
27.8
18.6
0
10.6












Alors, en effet au total les Polonais boivent un peu plus que les Français. La différence la plus marquée se situe au niveau du type d'alcool consommé. Et il ne s'agit pas que de Vodka, mais de bière! Les Polonais semblent en consommer autant, voire plus que les Allemands!

En Pologne, le goût commence à prendre de l'importance. Ainsi les bières regionales sont de plus en plus à la mode. Les magasins de vin de se multiplient dans les grandes villes. Mais historiquement, le meilleur alcool pour un Polonais est celui qui permet de se saouler sans tomber malade! Et à cet effet, la Vodka conservera encore longtemps sa place d'honneur sur les tables pour les grandes occasions. 


Je me souviendrai longtemps de mon premier "pot" d'entreprise, dès 17 heures en sortant du travail.  J'ai été surpris de voir tout le monde commander un litre de bière. J'ai été doublement surpris de voir ensuite le Chef commander une bouteille de vodka dans un seau de glace et distribuer de petits verres à tous et a toutes. Un rituel de la vieille école quand il s'agit d'accueillir un nouvel employé, ou simplement d'entretenir une certaine cohésion au sein de l'équipe. Malgré les mines épuisées du lendemain... 

La mode du bio, du bien-être psychologique et physiologique ont également leurs conséquences: Partout en Europe, la consommation baisse!

jeudi 20 novembre 2014

Funky Koval: La BD culte polonaise

Dans les années 80, une série de bande dessinée connut un succès etonnant, marquant toute une génération et depuis considerée comme ce que la Pologne a produit de meilleur pour le 9ème art: Quatre tomes de Funky Koval, parus au compte goutte dans la revue de science-fiction Fantastyka. 


(couverture de la nouvelle edition)

Funky Koval est un détective d'une agence privée en 2082, voyageant d'une planète à l'autre afin de résoudre les énigmes les plus tortueuses. Son visage m'a fait penser un peu à celui de Henri Fonda. Désinvolte, baroudeur et funky (comme son nom l'indique),  il aime les belles filles et se tire des situations les plus périlleuses d'une manière élégante (ou pas du tout). Sa personnalité détonnante impose le rythme, entrainant le lecteur dans une course folle qui mêle humour, intrigues politiques complexes, coups montés, extraterrestres déguisés, batailles spaciales et planètes exotiques. L'univers ressemble à un croisement entre Star Wars et Blade Runner. Les dessins sont très beaux, précis, les teintes vives, façon Flash Gordon et les arrières-plans truffés de détails amusants et laissant imaginer un monde riche et flamboyant. J'ai particulierement aimé le design des vaisseaux, qui souvent ressemblent à des insectes.

La série a également un intérêt historique. Ecrite au debut des années 80 en Pologne, elle est déliberement impregnée de l'atmosphère de l'époque. L'Etat de siège, la police secrète, la censure, les mises en scènes, les masques, le futurisme de style soviétique, le cynisme et la bêtise des autorités. Tout y est...

Sans doute que je manque de culture SF pour l'apprécier à sa juste valeur. Ces quelques planches pourront néanmoins vous donner une idée.


Une scène onirique (à cause d'une puce espionne cousue au cerveau du héros...):

Trois compères sont à l'origine de la série. Au scénario Maciej Parowski, critique de science-fiction et directeur de la revue Fantastyka dans les années 90, et Jacek Rodek. Au dessin, Boguslaw Polch qui a souvent créé des story boards pour le cinéma polonais.




Redécouverte depuis peu, Funky Koval bénéficie d'une nouvelle édition qui regroupe les quatre tomes et que vous pouvez découvrir ici http://ksiegarnia.proszynski.pl/product,71649

Les droits ont été acheté par un produteur américain qui prévoit d'en faire un film de série B avec un budget de tout de même 37 millions USD.

La série a été traduite en anglais (il y a longtemps). Elle ne semble jamais avoir intéressé le marché français ou belge. Ce qui est bien dommage. Cet article se veut donc également une bouteille à la mer, lancée en direction des éditeurs de BD et de SF, français et belges. Regardez de plus près!

(Et je suis partant pour la traduction!)

dimanche 2 novembre 2014

Funestes archives

Très courte nouvelle publiée dans le contexte de l'initiative "Les auteurs SFFF ont du talent!", choisie en raison de son lien avec le sujet du blog.


Funestes archives

Dans le petit appartement berlinois, tout semblait avoir été laissé comme tel depuis une époque ancienne. La vieille pendule ne remuait plus pour indiquer l’heure, les photos de familles étaient jaunies, les rideaux prenaient la poussière et empêchaient l’air de se renouveler.

Un vieil homme lisait son journal du matin, assis dans son large fauteuil. Son visage ressemblait à celui d’une statue de marbre mal sculptée. Son crâne n’accueillait que quelques cheveux grisonnants. Ses mains, qui auraient pu être celles d’un ouvrier de mine, tournaient les pages froissées. Soudain, elles s’arrêtèrent un long moment.

L’émotion envahit le vieil homme quand il lut que les archives de la Gestapo s’ouvraient ce matin même au public. Ses paupières se fermèrent et une larme coula sur sa peau ridée.
Il se leva, poussa la porte d’un placard, prit sa veste et des chaussures. Avant de partir, il se pencha sur la commode de l’entrée. Il dirigea sa main tremblante vers le fond du premier tiroir et en sortit un petit cahier. Le caressant, il se tint immobile et pensif un instant. Puis il sortit de l’appartement pour se rendre au centre des archives.

« J’aimerais consulter les dossiers d’anciens amis morts pendant la guerre que possédait certainement la Gestapo, demanda t-il à l’accueil.
— Il n’y a pas de liens de parenté ? répondit un fonctionnaire.
— Non, ce ne sont que des amis, mais ils me sont très chers. Ils représentent pour moi sans doute plus que ma famille Monsieur… »
Le fonctionnaire hésita, mais face au regard plein de tristesse du vieil homme, il passa un coup de téléphone et la demande fut acceptée.

Un archiviste vint.
« C’est pour vous les dossiers ? ».
Le vieil homme acquiesça et le suivi. Ils prirent un petit escalier en métal qui menait aux caves. Arrivés en bas, ils empruntèrent des longs couloirs qui menaient à d’autres couloirs. La promenade entre les murs tapissés de piles de feuilles, de cartons et de fichiers n’en finissait pas. Enfin, l’archiviste s’immobilisa.
« À partir d’ici, commence le rayon de la Gestapo. Quel est le premier dossier que vous désirez consulter ? »

Le vieil homme pris son petit cahier, l’ouvrit à la première page et prononça le nom de « Abner. » L’archiviste s’avança un peu, parcourant de ses doigts les étagères. Il commença à fouiller dans un compartiment précis et trouva le dossier. Il en déversa le contenu sur une table. Le vieil homme croisa le regard sombre d’Abner sur une photographie.
« Ah… Ce cher Abner… soupira t-il. Je me souviens… Il venait d’un village perdu dans la forêt noire. Il en parlait sans cesse, de cette tranquillité, de cette nature si belle. C’était sans doute pour oublier les temps que nous traversions. Il rêvait d’y retourner pour y mourir de vieillesse. Mais c’était un syndicaliste très actif. Peut être trop… Il aurait du rester dans l’ombre. »

Puis il rangea le dossier et prononça un autre nom : « Gerhard ». La photographie en noir et blanc du dossier était celle d’une femme blonde au visage fin dont on pouvait presque voir la couleur des yeux.
« Cette femme était si belle. Un vrai gâchis. Elle était fière de son mari socialiste qui luttait contre la montée du nazisme. Si fière qu’elle le protégea quand les agents de la Gestapo firent irruption pour l’arrêter. Qu’elle était courageuse… »

Le suivant, Heiner, était un philosophe dont les écrits ne plaisaient pas au régime et dont le vieil homme honora la mémoire. Les noms issus du petit cahier se succédèrent : Lesebach, Martha, Steinman, Vergel, et bien d’autres. Et à chaque fois, l’archiviste put lire l’émotion sur le visage du vieil homme, écouter ses histoires et frémir à l’issue fatale de tant de destins. Piqué par la curiosité, il finit par demander :
« Mais comment avez-vous connu autant de gens à cette époque, que faisiez vous comme travail? ».
Le vieux visage se rapprocha tout prés du sien.
Les yeux brillants et avec une voix caverneuse, le vieil homme lui répondit :
« Je suis un ancien officier de la Gestapo. Ces gens, je les ai tous torturé et assassiné. J’ai tenu ce petit cahier à l’époque en y notant tous les noms par ordre alphabétique. »

Il baissa la tête et recula. Puis, il jeta un regard vers le couloir regorgeant de milliers de dossiers de la police secrète et, à la façon d'un officier, lança un nouveau nom à l’adresse de l’archiviste. 

N.B.: Un des premiers textes, jamais édité. Dans une veine plus fantastique, voir mon livre aux éditions Malpertuis.

mardi 2 septembre 2014

La minorité allemande tente de faire entendre sa voix

Article publié dans le numéro 100 de Paris Berlin Juillet-Août 2014 

Comment se démarquer dans un des pays les plus homogènes au monde ? La minorité allemande en Pologne cherche quotidiennement à préserver son identité, malmenée par les violents remous de l’Histoire et les velléités d’assimilation.

Bien que la Pologne soit ethniquement l’un des pays les plus homogènes au monde, des minorités nationales sont reconnues par la loi de 2005 qui garantit des droits linguistiques, culturels et de représentation. Les citoyens qui se déclarent appartenir à la minorité allemande se concentrent principalement dans deux régions : en Haute-Silésie (sudouest) et en Varmie-Mazurie (nord-est). Les estimations varient beaucoup selon les organisations et les intérêts. Ils seraient entre 150 et 300 000 sur le territoire polonais. 


Lors de la conférence de Potsdam pendant l’été 1945, les alliés s’accordèrent sur le tracé de la frontière ouest de la Pologne, définie par la ligne Oder-Neisse. L’Allemagne fut amputée d’une grande partie de son territoire et l’expulsion des populations allemandes qui en résulta reste l’une des pages sombres et controversées de l’histoire polonaise. Cependant, tous ne sont pas partis. Certains sont restés pour des raisons familiales, d’autres parce qu’ils possédaient des compétences, notamment techniques (ingénieurs, agriculteurs), absolument nécessaires dans le contexte de l’après-guerre.

Les “nouveaux” Allemands, des expatriés venus surtout travailler au sein des entreprises allemandes et du personnel de l’ambassade, sont, eux, peu nombreux en Pologne. En effet, les entreprises allemandes se sont établies très tôt après la chute du Mur en Pologne et ont rapidement adopté une politique de recrutement locale, reconnaissant la qualité de la production et le haut niveau des compétences. Selon les enquêtes réalisées par la Chambre de commerce allemande (AHK), au moment de l’adhésion à l’UE en 2004, 70 % des dirigeants d’entreprises allemandes en Pologne étaient des expatriés allemands et 30 % étaient polonais. Depuis, ces proportions se sont inversées. 

Au sujet de ces populations restées sur place après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le député Ryszard Galla, représentant la minorité allemande au Parlement polonais, parle d’une “tragédie”, d’une “renonciation à leur identité”. En effet, sous le régime communiste de la République populaire de Pologne, la minorité n’était pas reconnue, car son existence s’accordait mal avec l’histoire officielle, en particulier la “libération” du pays par l’armée rouge. Parler allemand était souvent mal vu par les autorités et pouvait signer la fin d’une carrière.

Malgré l’assimilation par le système éducatif polonais, la culture et la conscience de ses racines allemandes ont subsisté, surtout dans les cercles privés et familiaux. À partir des années 70 avec l’émergence du mouvement syndical Solidarnosc, les membres de la minorité allemande ont commencé à s’organiser. Après la chute du régime et grâce à la transition démocratique, la minorité allemande a pu enfin être reconnue. Ce ne sont pas moins de sept députés et un sénateur issus de la minorité qui sont élus à la Sejm, la chambre basse du Parlement polonais, lors des premières élections libres en 1989.

Aujourd’hui, Ryszard Galla est le seul élu au niveau national. Il raconte qu’il y avait “un réel enthousiasme au sujet de la minorité lors des premières élections”. L’engouement a ensuite faibli au fur et à mesure des nombreux départs vers l’Allemagne et d’autres pays européens. En effet, il fut aisé pour nombre d’entre d’eux après la chute du Mur et la réunification d’obtenir la nationalité allemande et de céder à la tentation de partir chercher du travail à l’étranger. L’adhésion de la Pologne à l’UE en 2004 n’a fait qu’amplifier ce phénomène.

La minorité allemande est souvent attaquée par la droite conservatrice. Défendant le modèle d’un pays uniforme, elle combat l’octroi de droits et subventions à la minorité, qu’elle considére être des privilèges injustifiés.Les revendications de la minorité concernent surtout l’éducation, la préservation de leur culture et de leur patrimoine. L’affichage public bilingue, la création d’écoles polonoallemandes et la coopération avec l’Allemagne pour le développement économique et les transferts de technologies sont leurs sujets de prédilection.

Dans le cadre de programmes culturels et éducatifs définis par l’Office des Affaires étrangères, les associations représentatives obtiennent des subventions du gouvernement allemand. Les projets sont sélectionnés et réalisés sur le modèle des projets européens. L’une des principales organisations coordonnant les associations locales est le Verband der deutschen sozial-kulturellen Gesellschaften in Polen, dirigé par Bernard Gaida.

La minorité allemande est également devenue un nouveau réservoir de voix lors des dernières élections législatives en Allemagne, les citoyens s’étant vu octroyer le droit de vote même s’ils n’avaient jamais vécu sur le territoire allemand. Depuis, les leaders de la CDU, le parti d’Angela Merkel, ne cessent leurs visites de courtoisie pour récupérer ces nouvelles voix.

mercredi 27 août 2014

Francja Elegancja!

Article publié dans le numéro 100 de Paris Berlin Juillet-Août 2014 

La France rime en Pologne souvent avec élégance, mais aussi avec manque de bravoure !

Francja Elegancja!” est une expression courante en langue polonaise qui désigne le bon goût, le style français tel qu’on le fantasme. Ainsi, “France” et “élégance” riment naturellement dans les esprits, lors de soirées galantes, lorsque l’on souhaite briller à la lueur des chandelles. C’est d’ailleurs dans ce domaine que de nombreux Francais excellent en Pologne. D’après l’ambassade, les Français seraient environ 6000 en Pologne, dont la moitié possède la nationalité polonaise. La majorité d’entre eux vit dans la capitale et travaille pour le compte de grandes entreprises françaises. 



Malheureusement, d’autres connotations moins reluisantes viennent briser l’élan romantique. La France, c’est aussi la capitulation immédiate face à l’Allemagne nazie au contraire des héros nationaux et une longue série de blagues anciennes qui se transmettent jusqu’à aujourd’hui. Katarzyna Kacprzak, guide à Varsovie raconte la suivante : “Combien de vitesses possède un tank francais ? Quatre arrières et une avant, au cas où les ennemis attaqueraient par derrière...” Les Polonais sont en effet les champions mondiaux de l’autodérision et transposent souvent leur sens de l’humour particulier aux autres nationalités. Ce qui se passe en France reste éloigné de leurs préoccupations, plutôt dirigées vers les voisins directs : l’Allemagne et la Russie. “La plupart des médias relatent les événements sans analyse en profondeur” confie Krzysztof Kiryczuk, journaliste à la radio TOK FM, l’une des plus grandes radios d’information polonaises.

Revenons donc à l’élégance ! Cathy-Anne Gerulewicz est l’une des “anciennes” de la communauté française à Varsovie, arrivée en 1994 à l’occasion d’un stage en école de commerce. Elle se marie avec un architecte polonais avec qui elle réalise ses premiers projets d’intérieur. Au fil des années et de manière naturelle, elle devient l’agent de nombreuses marques françaises proposant des articles de décoration haut de gamme. Réalisant le potentiel d’un tel marché, elle fonde SML Concept, une société spécialisée dans la distribution et la promotion de ces marques en Pologne. “La mentalité des Polonais change tous les deux ans”, affirme-t-elle, évoquant la spécificité du marché local. Elle perçoit une evolution dans les esprits depuis quelques mois : “Les Polonais commencent à vouloir se démarquer, à individualiser leur intérieur.” En mai 2014, Cathy-Anne Gerulewicz a été nommée Chevalier de l’Ordre National du Mérite pour sa contribution à la valorisation des marques françaises en Pologne et son engagement dans la communauté française. À moyen terme, elle souhaite promouvoir le design polonais en France.

L’image de la “Francja Elegancja” en Pologne est aussi inévitablement liée au vin et à la cuisine. Pascal Brodnicki est une star télévisuelle en Pologne, qui a dirigé sa propre émission culinaire “Pascal po prostu gotuj !”, soit “Cuisine simplement avec Pascal” de 2004 à 2010, mettant en avant ses origines et son accent français, présentant des recettes accessibles à tous. Le sommelier Marc Torres, originaire de Perpignan, possède un élégant bar à vin dans le quartier Saska Kepa, au milieu des villas modernistes de l’entre-deux-guerres. Une vocation qu’il a héritée de ses parents vignerons. Après ses études et des premières expériences professionnelles au sein de grandes caves françaises, il décide de suivre sa femme polonaise, Marta, et s’installe à Varsovie en 2010. Ses principaux clients sont les expatriés français vivant à Varsovie, mais de plus en plus de Polonais s’intéressent à la culture du vin. En témoigne une augmentation de 20 % de ses ventes chaque année.